Exploratrice, touche à tout, irrégulière, me ramifiant sans cesse en absorbant tout ce qui trouve sur mon passage, j’ai découvert que je fonctionnais comme du mycélium dans un labyrinthe souterrain. Mes créations variées, -de la sculpture sur bois (saprophyte) à la peinture (mycorhizienne), en passant par les films (photosensibles) ou l’assemblage de débris forestiers – toutes obéissent à cette pulsion de digestion, croisement, mélange pour en faire des fruits. (carpophores)
Ensuite je les disperse à l’air libre et les retransforme à l’infini.
A chaque nouvelle rencontre mes hyphes se nourrissent de nouvelles matières et procèdent à des échanges d’énergie.
L’écriture n’a pas échappé à cette fermentation.
On peut appeler ça de l’art mycélien, ou fongique, puisque je suis bien incapable de choisir entre le dessin, le modelage, la poésie, la sculpture de totems, l’art éphémère, la nouvelle érotique, le film argentique, le roman, le chamanisme, le masque sur polypore, la peinture à la feuille d’or, les doudous sauvages, et l’étude des champignons… Chaque projet se nourrit du substrat de l’autre, colonise mon esprit et son environnement.
Mais ce qui semble hétéroclite, est en réalité la somme d’éléments indispensables à mon équilibre. C’est le mycélium qui me l’a dit !


